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Gravir le Manaslu (8 163 m) avec Léa

Plongez au cœur de l’Himalaya avec Léa, chargée de production chez Colombus Voyages, qui raconte son ascension du Manaslu — le « sommet de l’esprit ». À travers son témoignage, elle partage les émotions et les enseignements d’une expédition hors du commun. Un récit d’humilité, de dépassement de soi et de communion avec la montagne.

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L’ascension du Manaslu, huitième plus haut sommet du monde avec ses 8 163 mètres, est l’un des grands défis himalayens. Située au Népal, cette montagne attire par son authenticité et sa beauté préservée. Pour Léa, chargée de production dans notre agence de voyages sur-mesure, il s’agit de son premier 8000. Une expédition où se mêlent engagement technique, dépassement de soi et voyage intérieur. Elle raconte.

Colombus Voyages Manaslu Sommet

Pourquoi choisir l’ascension du Manaslu ?

« Le Manaslu est surnommé « la montagne de l’esprit ». Son nom, issu du sanskrit Manasa, signifie « esprit » ou « âme ». Gravir ce sommet, c’est répondre à un appel autant spirituel que sportif. Là où l’Everest attire des foules grandissantes, le Manaslu reste plus confidentiel et permet une expérience plus intime, plus sauvage.

Son trek d’approche d’environ 10 jours offre une immersion profonde dans la culture népalaise. On traverse des villages isolés, on croise des monastères accrochés à flanc de montagne, on longe des rizières et on franchit des ponts suspendus décorés de drapeaux de prières intacts. À mesure que l’on s’élève, la végétation disparaît et laisse place à l’univers minéral et glacé des hautes altitudes. »

Préparation et défis de l’ascension

Colombus Voyages Manaslu Ascension

« Un sommet de plus de 8 000 mètres ne se tente pas à la légère. La préparation est longue, exigeante et mobilise des mois d’entraînement pour renforcer l’endurance, la force musculaire et la capacité à s’acclimater au manque d’oxygène. Le corps doit apprendre à supporter l’effort prolongé dans un environnement inhospitalier. L’équipement, lui aussi, est une condition de survie. Rien n’est laissé au hasard.

Au-delà de l’engagement personnel, une telle expédition repose aussi sur le soutien extérieur. C’est grâce à mes partenaires, et notamment à Colombus Voyages, que ce projet a pu prendre vie. D’ailleurs, chaque difficulté rencontrée sur la montagne rappelle que si l’ascension est une aventure individuelle, elle est aussi le fruit d’un engagement collectif. »

Le récit de l’ascension du Manaslu

« Tout commence bien en dessous du camp de base, dans les vallées népalaises encore verdoyantes. Les sentiers serpentent entre les champs en terrasses et les villages aux maisons de pierre. Les ponts suspendus, ornés de drapeaux de prières qui claquent au vent, mènent de rives en rives, entre torrents furieux et rizières. Puis, peu à peu, les forêts s’effacent, la végétation disparaît et laissent place à la roche nue, aux glaciers et à l’univers minéral des hautes altitudes.

J+10. Le camp de base, à 5000 m, marque l’entrée dans un autre monde. Là, les tentes colorées se détachent sur les moraines grises, les journées s’organisent entre préparation du matériel et attentes silencieuses, rythmées par le bruit sourd des séracs qui s’effondrent au loin.

L’ascension se déroule en deux temps : une première rotation sur 3 jours (camp de base – camp 1 – camp 2 – camp 3 et retour au camp de base) et le push up final sur 3 jours (camp de base – camp 2 – camp 3 – sommet aller-retour et retour au camp de base). Entre temps : du repos et des mini entrainements.

C’est ce push up final que je souhaite vous raconter.

J+20. Dès la montée vers le camp 1 (5 600 mètres), je redécouvre la rudesse du terrain après quelques jours presque confortables au camp de base. La neige, les crampons, les pentes raides, les couloirs glacés et les passages exposés. Mais la difficulté me saute surtout au visage dans l’approche du camp 2 (6 400 mètres).

Les cheminées glacées s’enchaînent, raides et étroites, demandant une concentration absolue et des biceps résilients. Les échelles posées au-dessus de crevasses béantes vibrent sous mes crampons. Le souffle est court, l’esprit tendu. Le froid mord la peau, le vent glace les extrémités et l’altitude ronge déjà l’énergie et la lucidité. À tout moment, il faut composer avec la fatigue, les crampes et le doute. Les nuits là-haut ont le goût d’une victoire mais en aucun cas celui du repos. Heureusement ce soir là, il y a eu un instant suspendu, loin de la lutte contre le froid et la fatigue. À la tombée du jour, lorsque le ciel s’embrasait derrière les crêtes, la montagne révélait une autre facette. Les couchers de soleil en altitude sont d’une beauté à couper le souffle : le blanc immaculé des glaciers se teinte de rose, puis d’orange profond, avant de sombrer dans l’indigo de la nuit. Dans ces moments, le Manaslu parait moins hostile. Il est devenu presque accueillant, comme s’il nous offrait un répit avant l’épreuve suivante.

L’ascension vers le camp 3 est moins technique. En route vers les 6 800 mètres d’altitude, la pente paraît infinie, blanche et silencieuse, comme un désert de neige où l’on avance au ralenti. Ce matin-là, le retour du soleil offre un grand soulagement physique et moral. Mon corps retrouve peu à peu de la chaleur et, pendant un court instant, tout parait plus simple. Un moment de lumière, si fugace, puisque quelques heures après le froid engourdit à nouveau mon visage. À l’approche du camp, l’air se raréfie et chaque geste semble s’alourdir. Quand enfin les tentes apparaissent, minuscules sur l’immensité glacée, c’est à la fois un apaisement et une source d’appréhension. Le camp 3, balayé par le vent, est un lieu d’attente et de recueillement. On y vit suspendu, entre excitation et peur, avec la conscience aiguë que l’assaut final se rapproche.

Puis viennent ces vingt-quatre heures que je n’oublierai jamais. Le départ de nuit, les frontales scintillant dans le noir, la file des alpinistes semblable à un collier de lumière accroché à la montagne. Je suis encore pleine d’énergie mais je tremble déjà de l’effort à venir. Puis, dans l’obscurité, les repères s’effacent rapidement. Je grimpe d’abord sans oxygène. Les pas sont démesurément lents. Les crampons ripent contre les parois de glace. Mes mains prisent dans l’étau des énormes gants ne résistent pas à la température. Après quelques heures, c’est le signal. Elles sont paralysées par le froid. Je hurle de douleur dans la nuit. Nous sommes à plus de 7 000 mètres. Je dois prendre de l’oxygène pour que mon corps se réchauffe et pour retrouver mon souffle

Tout s’apaise. Les premières heures, c’est du bonheur à l’état pur, brut, natif, volcanique. Comme un shoot de drogue qui anesthésie et embellit tout. Je me surprends à marcher à la verticale, la tête dans les étoiles et à prendre le temps d’admirer les constellations à portée de main. Les pas sont plus légers et rapides. Une parenthèse enivrante.

Mais peu à peu, l’oxygène, censé m’aider, me brûle la gorge et la bouche. C’est le prix à payer pour faire survivre le cerveau : un assèchement intense des voies respiratoires. Le combat devient intérieur, une négociation constante entre douleur et volonté d’avancer.

Quand l’aube se lève, les sommets himalayens surgissent tout autour, baignés dans une lumière irréelle. La beauté est écrasante et je fais exprès de trouver la force de m’y attarder. Je continue, pas après pas, souffle après souffle. Jusqu’à ce que le sommet, enfin, se dévoile. 8 163 m. Le Manaslu. 

Là-haut, tout s’efface. Le froid, la fatigue, la douleur. Ne restent que l’émotion brute, la gratitude immense et ce silence absolu qui enveloppe les géants de l’Himalaya. J’ai les larmes aux yeux, gelées sur mes joues. Je suis au bout du monde et au bout de moi-même.

Puis vient la descente. Le corps vidé, chaque geste demande une vigilance extrême. Les passages techniques franchis à la montée deviennent encore plus dangereux, les jambes tremblent, l’esprit lutte contre la fatigue et l’envie de s’arrêter. Les cheminées glacées paraissent interminables, les cordes fixes semblent peser deux fois plus lourd. Le temps s’étire et l’idée de retrouver le camp de base devient la seule lumière au bout du chemin. Très vite, le corps me trahit : malaises violents, vertiges, sensation de vide. C’est brutal. 

Quand enfin j’y parviens, le soulagement est immense. Le vide aussi. Le cercle des tentes, les visages des compagnons d’expédition, le thé brûlant qu’on vous tend… Mais le corps, lui, est allé au-delà de ses limites. La déshydratation est telle que je dois être conduite à l’hôpital à Katmandou pour être réhydratée. Quelques heures sous perfusion suffisent à redonner de la force : une renaissance après l’épreuve. »

Colombus Voyages Manaslu Camp de Base

L’après expédition Manaslu

« Aujourd’hui, avec un peu de recul, je comprends que l’ascension du Manaslu n’a pas été une conquête mais une rencontre. Une rencontre brutale, exigeante mais infiniment riche. J’y ai trouvé la douleur, l’épuisement, le doute, mais aussi la force intérieure, la solidarité et l’humilité. Gravir un 8 000, ce n’est pas se hisser au-dessus des montagnes : c’est accepter de se fondre dans leur immensité.

Le Manaslu restera pour moi une cicatrice et une lumière, une épreuve et une leçon, un sommet et une plongée en profondeur. C’est aussi la certitude que les femmes ont toute leur place dans l’alpinisme de haute altitude et que les limites peuvent être dépassées. »

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