Elle n’a jamais cherché la lumière mais elle a toujours suivi l’appel du large. Dans l’univers du voyage, Nathalie a l’étoffe de ces pionnières qui avancent sans bruit. Une femme qui, à la fin des années 80, ouvre sa propre agence et lui donne un style : celui d’une immersion immédiate, des attentions qui comptent, d’un soin continu pour les voyageurs. En 1989, à Nîmes, elle crée Colombus Voyages : une maison du voyage avant d’être un « point de vente », où l’on prend le temps de comprendre les clients pour imaginer des itinéraires qui leur ressemblent.
Nathalie installe une vision du voyage qui marie intimité et exigence : refus du prêt-à-partir et priorité à la relation. Le pari sera durable ! Ce n’était pas une agence comme les autres et ça ne l’est toujours pas. Trente-six ans plus tard, Colombus Voyages existe toujours, pilotée à deux voix depuis 2016 avec son fils, Charly, qui apporte une vision digitale sans renier l’ADN artisanal.
Puis un jour, Nathalie a voulu offrir des voyages différents : non plus en kilomètres mais en pages. Les pages des carnets de ses voyageurs, longtemps privés, qu’elle a voulu mettre au centre de la scène. D’où l’idée d’un nouveau « cap » dans sa carrière : relier le voyage et l’écriture.
En 2024, l’agence de voyages sur-mesure lance son premier concours d’écriture. Le projet a une mission : offrir aux voyageurs un lieu où transformer leurs expériences de voyages en récits inspirants et universels. Le succès confirme l’intuition : des milliers d’inscrits, 500 récits reçus, un recueil avec 11 textes coup de coeur qui voit le jour. Les mots ont trouvé leur port d’attache.
Alors ce nouveau grand projet devient finalement le premier d’une longue lignée. Colombus, la maison du voyage devient ainsi une maison d’histoires et lance sa deuxième édition du concours d’écriture.
À quel moment as-tu compris que le voyage et l’écriture pouvaient se répondre ?
Sur les pentes du Kilimandjaro, en 2017. En rentrant, j’ai écris cette ascension et j’ai compris que le voyage, raconté, devenait plus grand que lui-même : il se déposait chez les autres, il circulait. Moi, je digérais mieux l’expérience, je la comprenais. Depuis, je crois à la force des récits et à leur façon de « déplacer » les regards.
Après plus de 35 ans d’agence, quel manque ce concours vient-il combler dans ta relation avec les voyageurs ?
J’ai fondé Colombus en 1989, en 2016, Charly m’a rejointe à la barre. Pendant des années, nous avons uniquement fabriqué des itinéraires. Avec le concours, nous fabriquons aussi un retour : un lieu où la parole des voyageurs revient vers la maison.
Y a-t-il un texte qui a façonné ton regard de « faiseuse d’itinéraires » ?
Le Petit Prince, lu très jeune, m’a appris à aller à l’essentiel. Concrètement, je préfère peu d’étapes, plus de temps sur place et un moment gardé pour la rencontre.
Si tu devais résumer l’ADN du concours en trois mots, lesquels choisirais-tu et pourquoi ?
Sincérité, parce qu’on mène ce projet sans aucune arrière pensée commerciale, avec une équipe qui apprend pas à pas à construire un projet qui n’a nul égal dans le monde du voyage.
Rencontre, avec soi-même lorsqu’on écrit et avec les autres lorsqu’on partage son histoire. De mon côté, ce concours m’a mené vers des univers et des personnes que je n’aurais jamais croisés autrement.
Transmission, parce qu’écrire pour être lu, c’est partager et faire durer ce qu’on a reçu en chemin.
Que t’ont appris les centaines de textes reçus ?
Que l’écriture arrive souvent à l’endroit des failles : un deuil, une rupture, une peur apprivoisée. Et puis ces chiffres qui nous ont dépassés : plus de 3 000 inscrits, 500 nouvelles lues. On a senti un besoin presque physique de mettre des mots sur l’ailleurs. Certains récits nous ont même inspiré des envies d’itinéraires nouveaux, comme si la littérature ouvrait des routes.
Qu’est-ce qui, selon toi, fait un texte gagnant ?
Une voix qui n’imite personne, un regard brut, une fin qui résonne après la dernière ligne. Et, bien sûr, la fidélité à l’esprit du concours : respecter les consignes et les modalités inscrites dans le règlement. Le jury lit avec toutes ces boussoles-là aussi.
Avec le thème « ce que vous n’aviez pas vu venir lors d’un voyage » : qu’espères-tu révéler ?
L’instant imprévu qui nous décale : l’inattendu qui rend plus humble, plus vivant, plus ouvert… Un retard qui devient une rencontre, une erreur d’itinéraire qui ouvre un monde, un instant qui change un destin. J’aimerais que ces récits montrent comment la surprise, joyeuse ou désagréable, peut nous apprendre à mieux habiter la Terre, les autres et soi-même.
Si Colombus devait garder un objet souvenir du concours, lequel serait-ce ?
Le recueil de la première édition du concours d’écriture va bientôt paraître. Nous aimerions en avoir un après chaque édition et remplir des bibliothèques entières !
Quel conseil donnerais-tu à quelqu’un qui pense n’avoir « rien de spécial » à raconter ?
Tout le monde peut écrire. La permission d’abord, l’exigence après. Écrivez comme vous parlez à quelqu’un que vous aimez, avec passion et sincérité. Les règles viendront après… En fait, vous n’avez pas besoin d’être écrivain pour écrire : vous avez juste besoin d’être vous, assez longtemps pour remplir environ 6 pages !
Si tu pouvais offrir une dernière phrase à tous les participants 2025-2026, laquelle serait-elle ?
« Vivez votre voyage une deuxième fois avec l’écriture et gagner le prochain. »
