Manuella, experte Colombus Voyages depuis 30 ans, nous livre un récit de son dernier séjour sur son île natale.
Par-delà ses vallées verdoyantes, ses plages ourlées de sable blanc et ses fonds marins vibrants de couleurs, Maurice révèle un autre visage, plus intime. La nature et l’océan se répondent en harmonie mais c’est aussi dans ses marchés, ses villages de pêcheurs et ses terres en arrière-plan que bat le cœur de l’île. C’est ici que je suis née. Je vous invite en voyage à l’Île Maurice, au plus près de ses paysages mais aussi de ceux qui, au quotidien, œuvrent à préserver ce joyau de l’océan Indien.
Sauter d’îles en îles
Depuis le toit-terrasse de la maison familiale : l’horizon ! C’est ici que commence, toujours avec la même ferveur, chacun de mes séjours à Maurice.
Sanctuaire bien connu des voyageurs, il faut en réalité toute une vie pour visiter l’île Maurice et ses alentours. Pourtant, ses sœurs, proches ou éparses, méritent qu’on s’y attarde tour à tour. Je m’y attelle.
Sur l’île aux Cerfs, la plage déroule un sable blond parfait pour ma sieste. À l’îlot Flamants, un tapis de sable émerge au lever du soleil, terrain idéal pour ma séance de yoga, tandis que deux raies glissent dans l’eau claire, suivant paresseusement mes pas. Plus au nord, un pêcheur me mène en barque vers l’île aux Bernaches, si proche de l’île d’Ambre qu’on croirait les entendre se confier à voix basse, dans le bruissement des vagues.
Depuis la côte est, une pirogue fend les eaux calmes du lagon avant de rejoindre l’île aux Fouquets (ou île au Phare) posée là, à la frontière de deux univers : l’immensité houleuse de la haute mer et la surface immobile du lagon, polie comme un miroir. Ici, l’Histoire a laissé ses traces. Il y a plusieurs années, tout un peuple s’est levé. Avec des moyens modestes mais une détermination sans faille, Mauriciens et associations écologiques ont uni leurs forces. Beaucoup, ma mère comprise, se sont coupé les cheveux, connus pour absorber les hydrocarbures. Cela a permis de confectionner des bouées artisanales d’une efficacité remarquable.
Mais les ombres du passé s’estompent vite, chassées par les accents joyeux du séga. Sur le sable, un percussionniste fait vibrer la peau tendue de sa ravanne : ce tambour de chèvre qui, jadis, accompagnait les danses des esclaves et qui pulse aujourd’hui jusque dans la pop, le rock ou l’électro. Le rythme s’installe, hypnotique, jusqu’à ce que l’appel de l’eau devienne irrésistible. Je m’élance et le lagon referme sur moi son étreinte tiède et limpide.
Découvrir des activités hors des sentiers battus
J’aime découvrir puis montrer Maurice autrement, à travers le sport et loin des sentiers battus. J’explore puis je propose aux clients de notre agence de voyages sur mesure.
Un matin, je pars en kayak dans la baie de Tamarin, territoire des surfeurs et, parfois, des dauphins. À l’aube, la mer est encore sombre. Je rame dans un silence habité par l’attente. L’horizon se scrute comme une promesse. Quand la résignation s’installe, ils apparaissent : une dizaine d’ailerons qui fendent une vague. Un coup de pagaie et me voilà dans leur sillage, happés par leur ronde lente et profonde, au rythme de leur respiration.
Le lendemain, je découvre un atelier pour préserver et valoriser l’artisanat, la musique et les traditions. Les mains s’agitent autour du vacoa, tressant au rythme des rires créoles et indo-mauriciens. Une vieille amie évoque l’usine sucrière de son père, aujourd’hui silencieuse, mais qui fut longtemps la colonne vertébrale de l’île. Dans un temple hindou, drapé dans un sari de soie, un jeune homme perfectionne mon Bharatanatyam : danse classique du sud de l’Inde.
Dans le Sud sauvage, je ne résiste jamais à l’appel du Morne Brabant : silhouette mythique inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO. Mais ce jour-là, c’est une autre invitation qui m’entraîne : plonger dans une piscine naturelle. Ici, l’océan s’invite sans filtre. Les vagues, privées de récifs coralliens, viennent se briser contre la paroi rocheuse, éclaboussant ce bassin clair où quelques poissons téméraires jouent à ricocher sur l’eau. La plage de sable fin ? Elle attendra.
Plus loin, dans les terres, la cascade 500 Pieds m’appelle. Un sentier abrupt mène à ce belvédère vertigineux. Allongés sur la roche chaude, la tête au bord d’un précipice de 152 mètres, je laisse l’ivresse du paysage m’envahir. Sous mes yeux, une vallée de jungle dense s’ouvre et, à l’horizon, une échappée bleue vers l’océan…
Dormir dans de nouveaux lodges dans les terres
À l’île Maurice, certaines adresses ont choisi d’ouvrir leurs portes bien au-delà de leurs murs, pour inviter les voyageurs à embrasser l’âme de l’île. Loin des resorts qui se suffisent à eux-mêmes, d’autres lieux prennent un virage discret, loin des plages et de leurs cartes postales. Ici, l’océan cède la place à des vagues de chlorophylle.
Je découvre ainsi un havre niché dans les terres. Au bout d’une piste cahotante, accessible uniquement en 4×4, quatre lodges coiffent une colline immergée dans la nature. Je passe la nuit. Le lendemain, je pars à la rencontre de cette nature préservée dans une réserve de près de 200 hectares
Plus au sud, un autre hôtel invente une autre façon de séjourner. Quatre anciennes maisons, ou cases, transformées en chambres, s’articulent chacune autour d’un espace commun. On y partage un café, une conversation, parfois même un repas improvisé. Au petit matin, la vue s’ouvre sur des jardins récemment réinterprétés à la française, avec un accent mauricien.
Autant d’adresses que je note soigneusement dans mon petit répertoire secret…
